La nausée de Jean-Paul Sartre

Apercevoir l’existence commence par une nausée

J’ai eu du mal à finir ce roman, mais il fallait le faire car c’était le dernier du club de cette année. Pourquoi je l’ai choisi? Je me suis posé la question plusieurs fois… Il y a plusieurs raisons, mais certains livres il faut les lire au moins une fois dans la vie et en discuter, surtout s’ils ont fait l’objet de polémique et parlent de ce que nous faisons simplement: exister. J’avoue que je ne l’aurais pas lu en ce moment si je ne devais pas diriger le club. Le faire, m’a mis dans un état de tristesse. Plutôt de mélancolie. Il paraît que le premier titre pensé par Sartre était précisément «Melancholia» mais l’éditeur lui avait suggéré de le changer. Sartre à commencé à écrire ce livre, en forme de journal, en 1931 et il a été publié en 1938.

Sartre est un auteur polyfacétique, polémique, prolifique et très engagé à des différents mouvements politiques de gauche. Sa façon de comprendre le monde passe par un questionnement sur tout ce qui existe. Cette existence on la voit, on la ressent mais on ne peut pas la définir telle quelle. Un des concepts à prendre en compte est celui de «contingence» qui est le fait pour un existant de pouvoir ne pas exister et donc, de n’être pas nécessaire, d’être en trop.

La Nausée est une fiction que Sartre a écrite pour faire passer ses thèses sur l’existence, qui pour lui, «précède l’essence». C’est un roman qui dégage, à mon avis, une pensée très pessimiste et négative de la vie mais j’avoue que je n’ai sûrement pas saisi le sens exacte. Se déroulant à Beauville, lieu imaginaire probablement inspiré du Havre, où il a vécu plusieurs années dans les années 30. Le personnage, Antoine Roquentin, est un homme solitaire, célibataire qui écrit un livre sur un marquis mais il se lasse aussitôt. Il se dédie surtout à flâner dans les bars et les rues de la ville et à penser sur l’existence, sur le tout et le rien, et le néant. Il refuse l’ordre établi, ressent un profond dégoût par les gens mais en même temps il montre une attitude curieuse envers les autres. Il les observe, les écoute, il cherche toujours quelque chose à comprendre. Une des conclusions qu’il atteint est que tout le monde possède un corps qui agit (ou réagit aux stimuli). Du coup, le corps sera pour le protagoniste le seul crochet à l’existence parce que c’est à travers lui que se manifeste la nausée. De temps en temps, Antoine va à la bibliothèque et rencontre l’Autodidacte, un lecteur invétéré qu’il définit comme un «humaniste de province». Un autre personnage est Annie, une jeune avec qui il couche parfois et il entretient une sorte de relation. Quelques dialogues, surtout ceux de la fin du livre (pour moi la meilleur partie), m’ont laissé imaginer à Sartre et de Beauvoir ensemble.

On trouve une parodie de la maxime cartésienne «je pense donc je suis» qu’il essaie de détourner jusqu’au délire. J’ai trouvé l’écriture sobre et détachée, par moments un peu kafkaïenne. Dans un monde sans Dieu, Sartre cherche à montrer la contingence brute des choses et de l’être.

Voici quelques idées que j’ai noté:

L’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait.

L’amour est une grande chose poétique qu’il ne faut pas effaroucher.

L’existence n’est pas quelque chose qui se laisse penser de loin: il faut que cela vous envahisse brusquement, que ça s’arrête sur vous, que ça pèse lourd sur votre coeur comme une grosse bête immobile ou alors il n’y a plus rien du tout.

Les arbres n’avaient pas envie d’exister, seulement ils n’en pouvaient pas s’en empêcher.

Et le passage que j’ai le plus aimé, (à part les deux dernières pages oùj’aperçois un tout petit espoir envers l’humanité), est celui où il parle de l’aventure de raconter la vie. Je ne peux pas m’empêcher de voir de la part de Sartre un hommage à la littérature, plus qu’à la philosophie sinon, à quoi bon écrire un roman plutôt qu’un essai de philosophie à une période où la population ressentait un dégoût à cause des conséquences de la 1ère guerre mondiale?

Pour que l’événement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu’on se mette à le raconter. C’est ce qui dupe les gens: un homme, c’est toujours un conteur d’histoires, il vit entouré de ses histoires et des histoires d’autrui, il voit tout ce qui lui arrive à travers elles; et il cherche à vivre sa vie comme s’il la racontait».

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