Comme un roman de Daniel Pennac

Magnifique essai sur l’acte intime de lire

Daniel Pennac est un auteur très connu et, je dirais aimé, en France et ailleurs. D’une nature joyeuse, calme et très élégante, il n’a pas la langue dans sa poche et il n’a jamais eu honte d’avouer que, étant enfant, il était un cancre. Dans un autre de ses livres, intitulé Chagrin d’école il nous raconte à la première personne son expérience dans le système éducatif et comment le fait de ne rien comprendre a affecté sa famille et, surtout lui-même, et comment, malgré tout, il est devenu professeur de français quelques années plus tard. (J’ai envie de le relire pour faire la critique pertinente).

Cet essai a été publié en 1995 et aujourd’hui est déjà un classique. Il s’agit d’une vraie ode à la lecture, un livre dont on ne peut pas se passer, surtout si on enseigne la littérature, si on aprend à lire aux autres (enfants, élèves…), en définitive, si on a l’occasion de partager la littérature (on en a toujours l’occasion).

Comme un roman est divisé en quatre parties: La première, Naissance de l’alchimiste, rend hommage au livre comme un objet, et aussi à l’acte même de lire. Pennac ponctualise que l’acte de «raconter une histoire» est le meilleur de tous, parce que c’est fait pour le simple plaisir, surtout lorsque nous, adultes, lisons à nos enfants. La lecture est donc un acte de création permanente et d’intimité qui crée un lien très fort en une espèce de Trinité (lecteur, écouteur et livre). Pennac suggère de n’absolument pas essayer de casser ce lien quand l’enfant apprend à lire et surtout ne pas commencer à poser des questions pour vérifier la compréhension. On risque de faire perdre ce plaisir-là.

Quels pédagogues nous étions, quand nous n’avions pas le souci de la pédagogie!

Dans la deuxième partie, il faut lire (le dogme), l’auteur questionne l’enseignement de la lecture à l’école. Il affirme que le livre ne devrait pas être un objet de culture mais un objet de passion qui peut être partagé, si l’on veut. Le bon professeur serait donc celui qui parle des lectures qu’il a adoré, expliquer pourquoi, ce qu’il a ressenti ou même appris, plus que décortiquer et expliquer le texte. Selon lui, l’approfondissement textuel arrive en un second temps, et s’il est nécessaire. Premier c’est donc le plaisir.

Ce que nous avons lu de plus beau, c’est le plus souvent à un être cher que nous le devons. Et c’est à un être cher que nous en parlerons d’abord. […] Aimer c’est, finalement, faire don de nos préférences à ceux que nous préférons. Et ces partages peuplent l’invisible citadelle de notre liberté.

Donner à lire raconte l’expérience d’un enseignant qui, dans ses cours, lisait à ses élèves à voix haute pendant toute l’année scolaire. Ils ont lu plein d’oeuvres et il ne leur demandait absolument rien, il leur permettait même de s’endormir en cours, comme s’ils étaient petits. Au début ils étaient un peu réticents à cette extravagance mais, petit à petit, ils se sont laissés séduire par la magie des mots et surtout par la magie des histoires bien racontées (car ce prof-là ne lit pas tout simplement, il raconte).

La dernière partie, les droits du lecteur, est consacrée aux dix commandements imprescriptibles du lecteur. Ces droits sont déjà très connus et on a même fait des affiches. On va les écrire quand-même car c’est important de bien les intégrer, mais je ne vais pas les commenter, Pennac le fait déjà très bien dans son livre.
1. le droit de ne pas lire.
2. le droit de sauter des pages.
3. le droit de ne pas finir un livre.
4. le droit de relire.
5. le droit de lire n’importe quoi.
6. le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible).
7. le droit de lire n’importe où
8. le droit de grappiller.
9. le droit de lire à haute voix.
10. le droit de nous taire.

J’avais lu cet essai il y a très longtemps et j’avais gardé un très bon souvenir. De plus, j’ai appris la leçon: de temps en temps, je relis à haute voix des passages des certains livres à mes étudiants et maintenant, j’ai voulu inaugurer le club de lecture de cette année avec lui. Parce que Comme un roman c’est un vrai hommage aux livres, a l’expérience de la lecture et au partage.

La relecture de cet essai, finalement, m’a donné aussi à réfléchir sur ma propre pratique en tant que prof, mère, et passionnée des livres et à la façon dont je transmets, et je veux transmettre, cet engouement.

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